Un homme de 43 ans a été jugé par le tribunal judiciaire de Lyon, vendredi 8 novembre, pour travail dissimulé et mauvais traitements sur près de 180 chiens dans un élevage clandestin de Sainte-Consorce. À la barre, il s’est excusé en évoquant un « effet boule de neige ». Le délibéré était attendu dans la soirée.
Le 24 avril 2023, une vaste opération avait permis de saisir plus de 180 chiens parqués très à l’étroit dans une quinzaine de box d’une exploitation agricole de Sainte-Consorce. Ce vendredi 8 novembre, le propriétaire, un homme âgé de 43 ans qui voulait lancer une exploitation canine, comparaissait devant le tribunal judiciaire de Lyon.
C’est sur dénonciation d’une cousine qui avait signalé à la brigade de gendarmerie de Vaugneray la « vente de chiens malades » qu’un important dispositif avait été déployé par les forces de l’ordre pour interpeller le quadragénaire.
Gale, excréments et déchets
Sur place, ils avaient découvert les canidés, dont une moitié de chiots, serrés les uns contre les autres dans une grange sans lumière du jour, le sol boueux et jonché de déchets et d’excréments. Certains animaux étaient infectés par la gale et porteurs de tiques. En garde à vue, l’homme qui avait fait paraître des annonces sur Leboncoin pour la vente de chiots avec des prix allant de 600 à 900 euros avait aussitôt reconnu les faits.
À la barre ce vendredi, ce fls d’agriculteur, ancien éleveur d’ovins, a expliqué avoir acquis une quarantaine de chiens par « passion » en 2019 mais s’être rapidement retrouvé dépassé par les événements.
« Je n’étais pas dans les clous »
Après avoir été contraint de quitter le chenil qu’il occupait auparavant à Saint-
Georges-de-Reneins, sans aucun suivi sanitaire et avec une activité qui n’était pas déclarée, le prévenu a évoqué un « efet boule de neige » après son déménagement sur un terrain familial de Sainte-Consorce. « Je n’ai pas trouvé de lieu pour les placer autrement. Je n’étais pas dans les clous », a-t-il reconnu, l’air contrit derrière ses petites lunettes.
Dès la découverte des faits, les SPA de Paris, de Lyon et du Sud Est, les association Biouty Ranch et Le refuge de l’espoir ainsi que la fondation Brigitte Bardot s’étaient
constitués parties civiles dans cette afaire. D’une même voix, leurs avocats ont dénoncé « l’irresponsabilité » du mis en cause et le « caractère lucratif » de son entreprise, rappelant que certains chiens n’avaient pas survécu après avoir été placés dans des refuges.
« C’était dur psychologiquement de les laisser partir », a-t-il encore osé, la présidente de la 5 chambre lui rétorquant que « c’est aussi dur de voir comment ils étaient traités ». Travail dissimulé, exercice illégal de la médecine des animaux, mauvais traitement, exploitation d’une installation sans déclaration préalable, vente d’animaux sans suivi sanitaire ou sans remise de certifcat… Si le casier judiciaire du prévenu était vierge, les faits reprochés étaient donc nombreux. Après lui avoir demandé de « changer de passion » et jugé inacceptable de « considérer les animaux comme un pur placement économique », la procureure a réclamé dix mois de prison assorti de sursis simple et l’interdiction d’exercer une activité d’élevage pendant 3 ans.
Son avocat, Me Xavier Muller, a, lui, tenté de rendre plus équilibré « le tableau manichéen » dressé lors de l’audience, rappelant que les animaux n’étaient pas décharnés ni sous alimentés. « La seule question du dossier c’est celle de l’espace. Est-ce que cela caractérise un mauvais traitement ? », a-t-il fnalement demandé.
Le délibéré était attendu dans la soirée.